LES BILLETS DU FUTUR
| Cet article est d'abord paru dans PM Magazine, le journal de l'AFEP, Association Française pour l'Étude du Papier-Monnaie et dans Numismatique et Change. Bien entendu, cet article a été écrit alors que la nouvelle gamme des billets de la Banque de France entrait seulement en service, vers 1991. 
 
 Tordons tout de suite le cou à une rengaine ridicule très en vogue actuellement: le billet serait sur le point de disparaître, remplacé par la carte à puce, le paiement sur Internet etc.... Si cela devait se produire, nous entrerions dans le règne 
        du "fliquage" total car TOUS nos achats et TOUS nos revenus 
        seraient connus de Big Brother comme dans le fameux livre "1984". La carte à puce et le télépaiement seront, comme le chèque l'est déjà (je rappelle à ceux qui n'ont pas lu la chronologie du FRANC que le chèque a valeur juridique depuis 1864), des modes de paiement annexes mais ils ne détrôneront pas le billet. Ce qui suit relève de mon expérience de changeur professionnel et je ne dispose d'aucune information particulière, ce qui me semble souhaitable n'étant - semble-t-il - absolument pas pris en compte dans les projets d'Euros et autres dont j'ai pu avoir connaissance. Quel est le problème du billet contre la carte et le télépaiement? Il est falsifiable et coûte cher et ce d'autant plus qu'il est difficile à contrefaire. Le combat entre faussaires et Instituts d'Emission me 
        semble mal parti car les mafias actuelles ont des moyens financiers et 
        donc techniques dont aucun faussaire - hors Etats, voir Napoléon 
        et l'opération Bernhart - n'a jamais disposé dans l'Histoire.   Comment faire pour renforcer la sécurité à moindre coût? Le premier problème est de faciliter le repérage 
        des faux au plus près de leur source. Comme il est hors de question 
        de former tous les Français et tous les caissiers de banque, il 
        faut trouver un système de test infalsifiable. Une première solution serait d'éliminer 
        l'élément humain, pas fiable, pour définir un test 
        adapté aux machines (qui ont aussi l'avantage de ne pas pouvoir 
        renseigner les faussaires!).  Il serait alors simple de connecter par un système 
        identique à celui d'autorisation des cartes bleues les principaux 
        points de passage des billets, banques, convoyeurs de fonds, supermarchés, 
        etc... à un ordinateur central qui aurait en mémoire: Ce système éliminerait une grosse proportion de faux de mauvaise et moyenne qualité pour un coût relativement faible si nous le rapportons au coût des faux billets pour, par exemple un super-marché. Il permettrait à la Banque d'Emission un suivi bien meilleur de la dissémination des faux de chaque modèle.   Il existe de nos jours des systèmes de codage très 
        sophistiqués, parfaitement automatisables, qui pourraient transformer 
        les numéros de série des billets en grilles de chiffres 
        sans rapport apparent les uns avec les autres. L'avantage est crucial 
        : le faussaire ne sait plus, ne connaissant ni le code, ni le numéro 
        de série d'origine (qui peut déjà être codé), 
        quel numéro mettre sur ses productions sauf à se condamner 
        à tout mettre au même numéro, garantissant une détection 
        immédiate au premier contrôle. Casser le code ? Sachant que la CIA vient de tenter de faire interdire (et que les services français ont interdit) l'usage d'un nouveau code, le PGP ( Pretty Good Privacy pour "plutôt bonne intimité"), disponible gratuitement sur l'Internet, on peut en déduire que ni la CIA, ni les services français ne savent casser ce code. En réalité, ils le peuvent, mais les ordinateurs nécessaires pour le faire sont, et pour de très nombreuses années encore, utilisés 24h/24 par les scientifiques de l'armée, entre autres pour simuler des explosions nucléaires, et sont militairement mieux gardés que Fort Knox, la réserve d'or des USA. Ces ordinateurs de la gamme CRAY permettent, en effectuant des milliards d'opérations élémentaires par seconde, de casser un code en testant toutes les possibilités. Ces ordinateurs, au contraire des machines à imprimer des straps ou des hologrammes, ne sont accessibles à aucun prix pour les mafias. Ils sont vraiment trop difficiles à fabriquer et trop bien gardés. Avantage de ce codage : le système de contrôle 
        pourra reconnaître à distance si la grille correspond ou 
        non à quelque chose de réellement émis ou si la grille 
        est inventée ou pire, recopiée à plusieurs exemplaires. 
        Sans intervention humaine, sans information pour les faussaires, sans 
        risques de dérapages et à une grande vitesse, bien supérieure 
        à celle de n'importe quel caissier professionnel, cette méthode 
        sécuriserait presque totalement la circulation des billets tout 
        en abaissant drastiquement leur prix de revient car il ne serait plus 
        nécessaire de combiner comme c'est le cas actuellement toute une 
        série de techniques d'impression extrêmement coûteuses. Nous pouvons donc collectionner tranquillement et, marchands ou collectionneurs, ne pas craindre de voir - dans un avenir humainement prévisible - le billet cesser d'être utilisé et nos collections perdre de leur valeur. La collection de billets a un glorieux avenir devant elle car le billet comme mode de paiement a un grand avenir devant lui! |